Quai de l’Horloge
La Cour de cassation est l’héritière d’une administration royale (le Conseil du roi, fondé dans le dessein d’asseoir l’autorité du monarque absolu, avec le pouvoir de casser, le cas échéant, les arrêts des parlements) et d’une administration issue de la Révolution (le Tribunal de Cassation), créé, en 1790, pour veiller à la bonne application de la loi.
C’est en 1804, sous Napoléon, que la Cour de cassation est inaugurée : elle reprend les attributions de l’ancien Tribunal de cassation, à laquelle s’ajoute la discipline des magistrats. Depuis la Constitution de 1958, la question disciplinaire est remise au soin du Conseil supérieur de la magistrature. La Cour de cassation demeure la juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire, avec le Conseil Constitutionnel, chargé d’examiner les lois votées par l’Assemblée nationale, et la Haute cour de justice, seule à connaître la situation du Président de la République et à pouvoir prononcer sa destitution.
Dans la foulée du réaménagement du palais de la Cité, un nouveau bâtiment en retour d’équerre est érigé à l’angle du quai de l’Horloge et de la rue de Harlay, pour abriter la Cour de cassation. Conçu initialement par l’architecte Louis Lenormand (1801-1862), mais profondément remanié par Joseph-Louis Duc (1802-1879), le bâtiment s’adosse à l’architecture « néo-gothique » de la tour Bonbec, que Duc fit rehausser afin de répondre harmonieusement aux proportions monumentales de la nouvelle façade « néo-Renaissance ».
Un rang de fenêtres plus petites occupe le registre supérieur de l’étage noble, séparé des fenêtres de l’attique par une corniche saillante. Au-dessus d’un haut soubassement à refends, les hautes fenêtres à meneaux de l’étage noble, couronnées d’un fronton ou d’une tablette moulurée, supportés par des consoles, sont encadrées de pilastres corinthiens.
L’avant-corps central respecte l’ordonnance du corps de bâtiment. Les enfants entourant le cartouche, au-dessus du balcon d’honneur, seraient l’œuvre d’Henri-Michel-Antoine Chapu (1833-1891). Quatre colonnes corinthiennes, embrassant deux niveaux, supportent l’entablement où se dressent quatre cariatides drapées à l’antique, disposées en avant de pilastres du même ordre. Ces cariatides reviendraient à Eugène-Louis Lequesne (1815-1887). La travée axiale de l’étage des caritides est percée d’une fenêtre coiffée d’un fronton pointu. Entre les pilastres corinthiens, le linteau des fenêtres latérales porte un bouclier à corps d’aigles se regardant, orné d’une tête de Méduse.
Un fronton courbe couronne les travées de l’avant-corps : il repose sur un entablement, dont la frise est ornée de guirlandes supportées alternativement par des boucliers et des médailles frappées d’un « N ». Ce fronton renferme quatre figures, disposées autour des armoiries impériales: elles représentent La Loi protégeant l’Innocence et La Loi punissant le Crime (représenté sous la forme d’un esclave enchaîné).
La façade en retour d’équerre sur la rue de Harlay reprend un parti pris assez semblable. Un médaillon figurant le profil de Napoléon Ier occupe l’angle du bâtiment, du côté de la rue de Harlay. Surmontant un cartouche faisant mention du « Code Napoléon », il fait pendant à un second médaillon ornant l’aile symétrique, à l’angle du quai des Orfèvres, représentant un autre grand législateur, Justinien.