Rue de l’Amiral-de-Coligny
La façade principale de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (XVe siècle)
L’église Saint-Germain-l’Auxerrois remplacerait une chapelle dédiée à saint Vincent, érigée à l’époque mérovingienne. Une première église fut ensuite édifiée sur l’ordre de Chilpéric Ier, roi des Francs, mais elle fut détruite lors du siège de Paris par les Vikings en 885-886. Une seconde église, bâtie au XIe siècle et reprise au siècle suivant, lui succéda. La tour-clocher, témoin des remaniements du XIIe siècle, se dresse toujours près de l’église actuelle.
C’est parce que l’église du XIe siècle menaçait ruine qu’il fut décidé d’élever, au XIIIe siècle, une troisième église : elle prit alors le nom de « Saint-Germain-l’Auxerrois ». Le portail occidental, plus tardif, fut plaqué, au XVe siècle, contre la façade bâtie deux siècles auparavant. Dans l’intervalle, les Valois, prenant demeure au Louvre, désignèrent Saint-Germain-l’Auxerrois, tout proche du palais, comme l’église attitrée de la famille royale.
Vue rasante du porche de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois
Le porche de Saint-Germain-l’Auxerrois, seul porche subsistant à Paris avec celui de la Sainte-Chapelle, comprend cinq arcades en façade (les trois arcades centrales s’élevant jusqu’à une balustrade ajourée) et de deux arcades latérales. Il abrite plusieurs statues en pierre, restaurées ou remplacées au XIXe siècle. De style flamboyant, le porche est rythmé d’arcs brisés, surmontés de fleurons et ornés de choux frisés.
Lion mordant le décor végétal dans l’épaisseur de l’un des arcs du porche de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois
Un décor végétal habité de personnages et d’animaux se loge également dans l’épaisseur des arcs, flanqués par ailleurs de pinacles, qui s’appuient sur les dais coiffant les niches à sculpture des piédroits.
Sur le rampant de l’un des arcs du porche de l’église, un petit personnage grimpe en prenant appui sur une tige végétale.
Le chœur et la nef de l’église (XVe siècle)
Au cours des XIVe, XVe et XVIe siècles, l’église du XIIIe siècle s’effaça peu à peu derrière un édifice plus récent, dont la construction s’acheva vers 1580.
C’est l’église que nous connaissons aujourd’hui : elle comprend une nef voûtée sur croisées d’ogives, un transept peu saillant et un chœur ceint d’un double déambulatoire et de chapelles rayonnantes. La nef est flanquée de quatre bas-côtés et de chapelles latérales assez peu profondes.
De grandes arcades ogivales, dont les nervures retombent sur des colonnes massives, séparent la nef des bas-côtés. Des colonnes engagées s’élancent, du côté de la nef, entre les arcades et les fenêtres hautes ; elles reçoivent les nervures de la voûte. Les arêtes des ogives rejoignent par ailleurs des clefs qui portent la représentation d’un saint : Jacques le Majeur, Germain d’Auxerre, Vincent et Denis scandent ainsi la voûte, de l’entrée jusqu’au transept.
L’élévation de la nef (XVe siècle)
L’élévation de la nef comprend deux niveaux : grandes arcades et fenêtres hautes. Les arcades en pénétration de la nef sont surmontées de larges baies à cinq lancettes, dont les vitraux furent remplacés par une simple verrière en 1728.
Le bas-côté extérieur nord
Les bas-côtés extérieurs donnent accès aux chapelles latérales qui, au nord, sont consacrées aux fonts baptismaux, à saint Jean-Baptiste, Marie-Madeleine et Notre-Dame de Compassion. Dans le bas-côté sud, la chapelle de la Vierge occupe plusieurs travées jusqu’au transept.
La chapelle Notre-Dame-de-Compassion abrite un grand retable flamand en chêne vernis du début du XVe siècle, donné, en 1839, par le comte de Montalivet, ministre de Louis-Philippe.
Ce retable représente plusieurs scènes de la vie et de la Passion du Christ. Le registre inférieur présente une composition originale : il rassemble en effet quatre scènes (Le mariage de la Vierge, la Nativité, l’Adoration des Mages et la Présentation au Temple), autour du songe de Jessé, père de David et l’un des ancêtres du Christ. De manière plus classique, le registre supérieur comprend La montée au Calvaire, la Crucifixion et la Descente de croix.
La chapelle de la Vierge
Le bas-côté extérieur sud communique avec une seule chapelle, qui remplace quatre anciennes chapelles, réunies au XIXe siècle. Cette vaste chapelle latérale est consacrée à la Vierge, rompant avec l’usage selon lequel la mère du Christ est traditionnellement honorée dans la chapelle axiale, située derrière le chœur.
Son autel est appliqué contre un petit côté : les voûtes et le mur ont été soigneusement décorés entre 1839 et 1845 : c’est Eugène Amaury-Duval (1808-1885), un élève d’Ingres, qui composa Le Couronnement de la Vierge entouré d’anges. La peinture murale d’Amaury-Duval environne L’Arbre de Jessé et la sculpture en pierre de la Vierge (XIVe siècle), couronnée et portant l’Enfant, qui se tient debout dans une niche coiffée d’un dais gothique.
L’élévation du chœur (XIVe siècle)
L’élévation des cinq travées du chœur comprend également deux niveaux : grandes arcades et fenêtres hautes. D’une longueur plus importante que celle de la nef, en raison d’une travée supplémentaire, le chœur est bordé d’arcades plus étroites, surmontées de fenêtres très étirées, réduites à une ou deux lancettes.
Le chœur constitue la partie la plus ancienne de l’église, même si ses quatre travées, édifiées au XIVe siècle, ont été remaniées sous le règne de Louis XV et présentent désormais des colonnes décorées de cannelures. Ces colonnes portent en outre des arcs enrichis de motifs géométriques, qui remontent probablement à la même époque.
Le chœur est par ailleurs couvert de voûtes barlongues, dont les nervures retombent sur de fines colonnettes appuyées sur des culots.
La chapelle Notre-Dame-de-la-Bonne-Garde : le vitrail de Saint-Louis
Les premières chapelles du déambulatoire sont, au nord, consacrées à sainte Clotilde, Notre-Dame de la Bonne Garde, saint Vincent de Paul, saint Charles Borromée et saint Denis. En 1845, quatre chapelles furent ornées de vitraux représentant Clotilde, Saint-Louis, Vincent de Paul et Charles Borromée, dont la figure en pied est associée à une petite scène narrative.
Dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Bonne-Garde, le vitrail de Saint-Louis représente le roi de France, couronné et vêtu du manteau fleurdelisé. Il présente la main de justice et la couronne d’épines, posée sur une draperie immaculée. La petite scène narrative montre le souverain rendant la justice sous un chêne.
Le retable de la Vie de la Vierge
Dans la galerie sud du déambulatoire, les chapelles sont consacrées à saint Pierre et aux Pères et Docteurs de l’Église. Un retable en bois, sculpté et peint au début du XVIe siècle, est par ailleurs placé dans la galerie intérieure du déambulatoire. Confisqué à la Révolution, vendu et acquis par la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois en 1831, présente des épisodes de la vie de la Vierge.
La caisse, qui renferme plusieurs scènes en bois peint et sculpté, illustrent différents miracles opérés par la Vierge Marie. Les volets, chacun composé de deux scènes peintes, représentent, au registre supérieur, Adam et Ève au Paradis ; et deux scènes de la vie de la Vierge, dont l’Annonciation, au registre inférieur.
Le premier tableau sculpté du registre supérieur représente, en forme d’introduction aux scènes suivantes, l’évangéliste saint Luc, identifiable au bœuf, devant son chevalet, occupé à peindre la Vierge Marie, assise face à lui.
Le déambulatoire du chœur
Au niveau du chevet, le double déambulatoire se réduit à une seule galerie et se termine par une abside appliquée contre un mur plat. Il s’ouvre sur cinq chapelles rayonnantes, consacrées à sainte Geneviève, aux saints patrons de la paroisse, à Notre-Dame-des-Mesches, à la Bonne Mort et à saint Landry.
Les fresques de la chapelle Sainte-Geneviève, représentant des scènes de la vie de la sainte patronne de Paris, ont été réalisées, en 1841, par Jean Gigoux (1806-1894), peintre et collectionneur de dessins. Les statues de Tristan et Charles de Rostaing, bienfaiteurs de la paroisse, placées dans la chapelle des saints patrons, ont été sculptés par Michel Bourdin (1585-1645). La chapelle de Notre-Dame-des-Mesches est décorée de peintures à la cire réalisées par Auguste Couder (1789-1873).
La chapelle Saint-Landry abrite, quant à elle, deux statues en marbre, représentant les chanceliers Etienne II et Etienne III d’Aligre, copiées d’après les sculptures originales de Laurent Magnier. Ces deux « gisants » conservent le souvenir du tombeau funéraire de la famille d’Aligre, que nous connaissons par un dessin de François-Roger de Gaignières. Sous la Révolution, Alexandre Lenoir réussit à sauver ces deux statues, qu’il envoya, en 1794, au dépôt des Petits-Augustins. Réclamées par la famille d’Aligre, elles furent transférées à Lèves en 1803 et copiées pour Saint-Germain-l’Auxerrois.